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Darknets

Moi, administrateur en la personne de Vincent Bonnefille, me lance dans l'écriture d'une thèse en arts.

Sujet, discipline, motivations

Elle aura pour sujet les darknets et profondeurs imaginaires du web au travers de productions d'arts et disciplines diverses.

Cette page_article devrait plutĂ´t se trouver dans discipline // Ă©tat de l'art ?!
Vous trouverez la Table des matière à droite de la page (flottant) TOC_button

Littératures et état de l'art

Informatique - technique

Deux littératures au moins s'opposent au sujet des Darknets, l'une techo-pragmatique tend à observer leur fonctionnement, leur régime protocolaire ( et soutiendra le plus souvent une diversité des usages et la variété des agentivités que permettent ces réseaux ). Une littérature peut-être moins intéressée par les contenus échangés, leur finalité usuelle, que par la technicité empirique de ces outils-objets.note

Leurs auteurs et autrices seront plus attaché.e.s à démystifier ces réseaux dont les médias font grand bruit.

Sciences sociales et histoires

On pourrait y joindre une littérature à portée historique et politique venant raconter les aventures humaines qui ont rendus ces projets nécessaires et viables (ou expliquer leur abandon).
Elle permet comprendre la fabrication des standards qui font nos technologies et le rapport que nous entretenons avec.

Une recherche autour d'un pourquoi et du comment.

Empreinte de virtualités, de potentialités ouvertes...


Craintes du grand méchant Darknet

Il faut aussi compter une littérature opposée aux moyens de défense numérique (ailleurs que dans les mains des entreprises-États). Elle sera souvent critique à leur endroit, méfiante et pointant du doigt les effets négatifs-dangereux de ces réseaux.

On y trouve souvent un discours de crainte quant à la perte de terrain de l'État comme garant de l'ordre.

Fuite-perte de données

Une inquiétude récurrente autour des Internets et les activités illicites qui s'y déroulent { terroristes-radicalisés, hacking, extorsion ou transfert d'informations et objets culturels piratés } et autres activités criminelles qui y font jour serviront alors d'épouvantail.

L'une des craintes originelle à l'endroit des darknets restent la fuite de données ( transmises à des organes journalistiques ou d'information tel Wikileaks ou encore par la concurrence ). Une matière numérique qui rapporte et qui s'échange effectivement sur des réseaux protégeant les transactions entre inconnus.

Code_is_law, les DRM


Pseudo-Science & Science-Fiction

D'autres tendent vers la science fiction le roman policier. Les histoires sensationalistes occupent largement l'imaginaire de ces réseaux. On trouve de nombreuses références dans la culture populaire { des films, des jeux vidéo, des séries } qui mentionne couramment ces réseaux volontairement mal interprétés. Des œuvres-récits qui peuvent centrer toute leur intrigue d'épouvante autour des entités maléfiques imaginées sur les réseaux : des machines qui prendraient le pouvoir sur l'utilisateur.ice.


Sciences sociales, récits de vie

Et puis il y a les approches d'une autre pédagogie s'intéressant aux individus qui font et pratiquent ces réseaux tendant vers les sciences sociales.

De nombreuses populations, communautés, individus, emploient ces protocoles pour faire des échanges, ou rendre leur contenu hébergé plus résilient aux attaques et censures de toutes sortes.

Jardins secrets

On y trouve des pièces uniques. Des créations de code poétique qui jouent sur le sentiment d'une autre intimité en réseau que procure le fait de devoir être initié.e pour accéder à leur jardin secret.

On y trouve des bibliothèques cachées, des antres de pirates expulsés trop du fois du Clear-web et qui y trouvent un dernier refuge en s'y copiant (mirrors).

Les darknets et autres réseaux mal-indexés poussent à la curiosité : à des pratiques exploratoires.

En arts ( installations, web_net-art, films )

Les pratiques artistiques qui les emploient ont tendance à utiliser ces accès comme vecteurs d'un imaginaire autant que comme régime de production particulier.

TODO: corpus d'Ĺ“uvres et expositions

Conclusion : plusieurs thèses

Plusieurs façons de faire le récit de ces pratiques, de les raconter, de prendre part à ces pratiques ou de les rejeter du champ d'action commun (préférence répressive ou laxiste). Face à sujet produisant des pratiques socialement marginales il est normal d'avoir des points de vu contrastés, d'y retrouver un fort antagonisme. Pourtant ces thèses apportent une complexité au sujet de ces réseaux.

La division est plus souvent politique. Ces outils-moyens posent la question des limites d'une gouvernance, les moyens de son autonomie. Et, In fine, les moyens dont chacun.e se dote pour accéder à ce qu'elle ou lui juge comme étant une "vie bonne".

Des phénomènes déjà largement observés

Quoi faire d'autre et comment ?
Mon ambition

Ce sujet suscite déjà un fort attrait sur le marché du savoir et des connaissances. Pour autant les formes d'hybridation en recherche-création pourraient ouvrir d'autres compréhensions, d'autres modalités de récit et de propos.

J'ambitionne de faire le pont entre différents régimes de recherche à commencer par les pratiques artistiques qui s'accommodent bien de l'esprit d'indiscipline et de bidouillage qu'on connaît aux hackers ( informatiques ou d'autres branches-disciplines ).

Idéologie, point de vu orienté

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Darknets, contre la censure ?

Un Darknet définit généralement un réseau de communication dont les protocoles assurent l'anonymat de ses utilisateurs par le chiffrement de ses données. Des réseaux aux protocoles atypiques qui rendent accessibles des sites web sinon non indexés. Des contenus cachés ou dont l'origine, la source est impossible à remonter.

Journalistes,
cyber-criminels,
qui utilise ces réseaux ?

Un anonymat qui sert à des populations poussées au silence, hors des espaces publics qui leurs sont hostiles. Les expulsé.e.s, les refoulées, les exilées sociaux, les clandestins, les mafieux, les journalistes, les femmes battues, les autres, celles et ceux qui veulent protéger leurs données d'une captation féroce : toutes ceux-là ont recours à ces réseaux, ni bons ni mauvais.

(neutralité et indépendance du www retrouvée ?)

Des réseaux dont les protocoles sont souvent agnostiques : ils assurent une neutralité dans le transport des données.

[1 www] Des outils qui renouent avec une certaine vision du world wild web : celui d'une indépendance des pouvoirs centralisés et gouvernants. Un projet autonomiste, d'émancipation individuelle aux couleurs libertariennes.

Une liberté d'expression, de conscience et d'organisation que {malheureusement}, partout dans le monde, des institutions limitent-interdisent par une multitude d'interventions physiques ou logicielles sur les couches du réseau de réseaux.

[1 www] Une intervention souvent jugée illégitime, contraire aux principes fondateurs d'un web libéral prônant la liberté de circulation informationnelle.

Une lutte infinie entre ceux qui attaquent-interdisent et ceux qui se défendent pour exister-persister semble ainsi se jouer. Une dualité qui fait facilement fantasmer deux camps : celui -du bien du mal, celui -des pirates contre l'Empire.


L'anonymat renforcé sur ces réseaux de machine encourage des transactions qui échappent aux censures marchandes sinon morales. S'y échangent des contenus et biens ailleurs interdits. Elle permet une délocalisation de marchés qui profitent alors des infrastructures réseau normales pour s'accomplir (dont les ceux des postes).

L'appui successif de technologies décentralisées des réseaux main-stream, à commencer par les banques, encourage des activités ailleurs réprimées : élargi les libertés hors du contrôle des États et des institutions judiciaires. On peut alors parler de marchés ou d'activités parallaèlles échappant au régime normal
[cf. #Économie, vie parallèle : radicalité disruptive]

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Modération, nettoyage du WWW

Pendant un temps, ces recoins du web { mal indexés, modérés autrement } semblaient à eux seuls cristalliser toute la barbarie du monde unifié et propre... qu'un Clear-Web promettait de maintenir.

  • Un web, propre sur lui, tantĂ´t gendarme, tantĂ´t agent de tri et d'expulsion : petites mains du web, algo-balais.

  • Un WWW sans le wild, asĂ©ptisĂ©, modĂ©rĂ© ( pour mieux vendre des espaces attentionnels-publicitaires ) mais pour nous protĂ©ger aussi.

  • Un web proposĂ© comme service prĂŞt Ă  l'emploi-consommation.

  • Un web de la puretĂ©, de l'information clairvoyante contre les rumeurs, les fausses nouvelles... un web imparfait production d'humains et humaines imparfait.e.s.

  • Une bibliothèque de tous les savoirs et de toutes les sociabilitĂ©s, 24h/24.

  • Un web en construction qui, pour le moment, lui aussi, produit des monstruositĂ©s, des bulles-filtres, des comportements aliĂ©nĂ©s et systĂ©mique, des dĂ©viances, des compulsions.

Indie-Web mon amour

J'ai peut-être aussi une certaine nostalgie du web des années 80-90 : ses formes émergentes, son côté fait main (homebrew, indie-web), auto-produit, auto-média, par et pour le peuple !

Un web et autres couches faites de pirates et d'espaces qu'on pouvait encore imaginer sans le regard supérieur d'une institution régulante.

C'était l'adoléscence, mon adoléscence, mes premières bidouilles.

Des désirs d'autres mondes, d'aventure, d'au-delà.

  • Le fait de tout contrĂ´ler fait qu'une majoritĂ© du web ressemble plus aujourd'hui Ă  une industrie publicitaire, a perdu son cĂ´tĂ© artisanale, attentionnĂ©, fait de pĂ©pites cachĂ©es.

Nuances de gris

J'employais (avec d'autres) la coloration de GrayWeb pour évoquer des zones grises d'un web de seconde zone, autonome dans sa modération, décentralisé des plateformes majoritaires.

De nombreux images-mémes s'amusent à stratifier Internet, son mille-feuille de couches protocolaires et applicatives, réinventent une mythologie dantesque qui mènerait aux darknets, aux tréfonds des inconscients collectif ( Internet étant perçu comme le Cerveau-monde, idéal d'une circulation informationnelle instantanée entre ses pairs ).

Échapper aux cartes : #contre-forme

Dans ce sens ( pensant la surveillance comme état par défaut et ambiant ), j'avais choisi cette acception de "darknet" comme étant des machines existantes mais non indexées à la carte des réseaux (aux débuts d'Internet).

Un en dehors connu, un geste de distanciation volontaire ( sinon accidentel et temporaire ), le signe sinon d'une interaction autre, d'une autre modalité protocolaire :
atypique, d'autre nature :
inquiétantes monstruosité, langage mal codé.

Une plasticité de la forme et contre forme, du seuil, de la limite, du traîte, de l'inséparationinséparation, du dedans inversé : barbelé.

Une plasticité du visible, de la retenue

Clandestinités ingouvernables

Les dark-nets prolongent en ligne des espaces conversationnels existants localement, hors-réseaux : sur ces darknets que sont la vie hors des réseaux surveillants.

Des pratiques clandestines surtout pour les entreprises d'éspionage, d'intrusion ou gouvernant par les algorithmique, par le pragmatisme des données. Des entreprises qui aspirent à la "numérisation de la vie même"[cite. Antoinette de R], vers le Tout numérique... ( et que les solutions de défense numériques, dont le chiffrage des données fait partie, inquiète-ralenti-empêche le travail ).

La liberté d'expression oui, mais sous conditions

Sur *le* Darknet s'expose ce que nos sociétés ont banni (mais pas que), ce qui n'a plus de place publique.

Certaine communications humaines s'y prolongent, recourent à ces réseaux que le dictionnaire français qualifie de "clandestins".

Ainsi, { des communautés particulières, éloignées ou non spatialement } et dont { le droit à l'expression commune ou à l'existence-manifestation des pratiques } est socialement interdite ou discriminée y trouve refuge, maquis ou underground (selon les traductions).

Criminalisées, contrevenant aux régimes de production et idéal contemporain, elles trouvent ailleurs des modalités de rencontre, d'expression, d'organisation. S'y inventent d'autres gouvernementalités, d'autres inter-médiations décentralisées ou autonomes : d'autres centralités du pouvoir partagé.

S'y expriment aussi des propos insoutenables, interdits de publicité. Des pensées et pratiques interdites, refoulées de nos sociétés qui luttent contre leur propagation nocive (mais pour autant les instruisent, les expliquent, par des recherches en sciences sociales par exemple).

Limiter la publicité du pire

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Des pratiques artistiques ?

(Les arts de la fuite et des tréfonds)

Des intérêts contraires (( le fait d'attaquer ou de maintenir-défendre une pratique_culture )) qui pousse à l'innovation technique d'avant-garde et dont les artistes_hackeurs_bidouilleurs (femmes__hommes) tirent une matière hors norme, des outils, des moyens de faire récit et objets. Iels profitent de ce que ces choses interdites produisent d'inconfort social ou de spéculation, de doute.

Ielles jouent leur rôle social {{ d'expérimentatrices et explorateurs laborantins, penseurs par la forme -l'indicible -l'induit }} pour chercher des alternatives de vie, de représentation, de ressenti, de subjectivité. D'une certaine façon la Culture est comme les darknets, plurielle, et non unique ni certaine, ni sacrée.

Transgression et trouble dans l'art

On retrouve dans certaines pratiques artistiques qui emploient des protocoles atypiques, le goût du trouble_vulnérable, du débordement, de la liberté artistique.

Un travail sur l'élasticité des normes, à partir de ce que j'ai moi, subjectivité inquiète de préserver et pourtant doutante si elle veut.

Un travail sur la faille, le basculement dans la folie, la démesure.
En observant_agissant à partir de ces coins refoulés iels (les artistes) parleraient à cet inconscient collectif, intime et politique.

Mondes isolés, protégés

L'artiste y serait alors médium, psychanalyste de l'âme, archéologue de nos fondations sociétales.

Et on pourrait se demander si Darknets et pratiques artistiques collectivement consommées ne se produisent depuis un bord social. Des pratiques encapsulées, profitant de la temporalité d'espaces_autres, hétérotopiques, adjacents, limitrophes.

Des utopies de poche...

L'art de la fĂŞte

Ielles ont en commun cette étrangeté sociale, celle d'une liberté de faire dans des temps dédiés pareils à la fête. Des temps à soi. D'une intériorité spéciale à laquelle on propose des objets-formes-activités qui paraissent parfois décorrélées-excentrées de l'agir quotidien-banal (qui finit par ne plus se saisir comme objet de croyances et de principes culturels agrégés).

Un art qui se déplie-performe-existe autour du scandal qui le médiatise, par la transgression. Une revendication pour le droit au mauvais goût, à un autre régime du bien fait mal fait, des codes. Des arts de la remise de la permission, du doute voire d'une certaine anarchie ontologique.

Mais c'est aussi que l'anonymat porte en lui le début d'une emancipation de soi ; celle d'une fête, d'une libération cathartique : celui de la puissance d'exister sans retenue ni jugement extérieur productiviste. Des à priori hors du monde.


Je garde dans l'idée que l'artiste est toujours tiraillé.e entre le désir d'exprimer et celui brouiller les pistes, de garder une qualité du non dit qui appartienne à l'autre, au récepteur (h/f). Un espace entre où laisser croire, où faire germer dans l'implicite commun hors du certain. #contre-forme


Économie, vie parallèle :
radicalité disruptive

L'anonymat techniquement accompli sur les couches inférieures du réseau est éminemment plus radical que celui d'un changement de nom_prénom sur un forum. Il en devient politique.

Les organisations qui ont recours à ces réseaux en tant que moyen organisationnel de séparation des États ont très vite saisi l'opportunité d'en faire de même avec un autre réseau : celui des transactions monétaires, avec l'argent.

Le réseau informel : l'économie

Les cryptomonnaies, le bitcoin ou encore Monero, ont prolongé ce que permettent les protocoles chiffrés, les darknets : des transactions décentralisées échappant aux États-surveillants et entreprises monopolistes.

Des acteurs concurrencés par cette innovation et qui amorçent de fait une contre-révolution. Ils se déclarent légitimes à intervenir et légiférer sur des moyens d'organisation sociale dont ils étaient jusqu'alors les intermédiaires naturels-obligatoires.

Deep_web : l'index infini

L'autre capitalisme : celui des données

La captation des données comme modèle économique extractiviste produit-encourage à une surveillance indolore parfois ludique et volontaire. Contrôler l'information sert à modifier nos inflexions, notre consentement.

En allant explorer les banlieues des réseaux je pensais naïvement rencontrer ce qui n'existe pas, le reste, le refusé. J'avais aussi intégré l'idée-image que les big-data ne pouvaient pas toutes être exploitées, qu'il y aurait toujours un manque, des données mal traitées, non exploitables, oubliées : des dark-data.

Dans ce jargon j'ai découvert les Dark-patterns qui consiste à créer des interfaces trompeurs pour dérouter l'internaute, le perdre. Le web, clairvoyant et propre que nous visitons communément dissimule bien souvent ses intérêts manipulateurs, nous habitue à ses rythmes et façon d'être, de faire, de devenir.

Les profondeurs du web, le deep-web fait fantasmer cette part manquante ou résiduel du savoir humain mis en réseau. Un autre refoulé, celui du non accès des logiciels d'indexation à certaines zones grises du web. Un manque à gagner, un gisement...

Une extrémité du spectre du connu nécessaire pour croire encore et imaginer aussi d'autres spiritualités et reliances au monde. Une spiritualité 2.0 qui renoue avec les origines new-age de la conscience monde et des réseaux informatiques.

Sources



  1. hello↩
  2. cit.ref Essai de Dominique Quessada↩